dimanche 3 décembre 2023

Le totalitarisme sans le goulag : réquisitoire de Mathieu Bock-Côté contre la postdémocratie occidentale

 


Que démontre en effet Mathieu Bock-Côté ?


D’abord, que l’extrême droite, dont le système politico-médiatique nous rebat les oreilles en permanence, n’existe tout simplement pas. En tout cas, pas sous la forme extrémiste qu’on prétend dénoncer.

Ensuite, que le régime diversitaire qui s’est imposé en Occident n’a rien à envier aux totalitarismes du xxe siècle. Certes, il est dépourvu de goulag, mais uniquement parce que ce dernier est devenu inutile dans la mesure « où la société dans son ensemble est désormais soumise à un processus de rééducation permanent, pour transformer les mentalités, pour transformer intimement la structure de perception du réel par la population[2] ».

Le ton de l’essai, dynamique et incisif, est donné !

L’extrême droite ou la démonologie appliquée à la politique

Mathieu Bock-Côté s’attache d’abord à démontrer que l’expression extrême droite n’a pas pour fonction de décrire et d’analyser une réalité politique (comme le faisait par exemple René Rémond distinguant entre une droite légitimiste, orléaniste et bonapartiste en France) mais seulement de disqualifier ceux qui s’opposent à ce que le Système considère comme un progrès.

Elle relève donc de la démonologie plus que de la politologie, puisque la politique vire de nos jours à l’exorcisme.

L’extrême droite se distingue de l’extrême gauche car cette dernière est seulement coupable « d’être trop hardie dans la bonne direction historique[3] » : alors que le péché idéologique majeur de l’extrême droite serait de refuser le sens de l’histoire, de vouloir l’inverser et de remporter en outre l’adhésion populaire (également disqualifiée sous le vocable populisme).

Pour cette raison, affirme Mathieu Bock-Côté, « on arrive bien plus rapidement à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche » car « il faut aller loin, très loin, pour se faire classer à l’extrême gauche[4] ». Alors qu’il suffit de nos jours d’un propos, d’un vote ou d’un écrit pour se retrouver du côté obscur, et cela définitivement… Car le système actuel de classification politique est dominé par la gauche « dont elle maîtrise à chaque fois les termes[5] » et, dans ce cadre, seule une droite complexée serait à la rigueur légitime. La gauche nomme donc « extrême droite la part de la droite qui ne consent pas à être une droite au ralenti, non plus qu’une gauche pâle[6] »

Le totalitarisme de l’extrême centre en marche

Mais l’auteur va plus loin.

Il montre que la disqualification de toute opposition à ce que la modernité néo-libérale est en train d’infliger aux peuples d’Occident traduit le totalitarisme inhérent à cet « extrême centre » qui nous gouverne désormais en prétendant incarner la seule véritable démocratie : celle de la société ouverte et multiculturelle, du marché dérégulé, de la loi des minorités, de l’idéologie LGBT, de la souveraineté limitée et du gouvernement des juges non élus.

Un extrême centre qui prétend rejeter les « extrêmes » alors qu’il incarne une nouvelle forme d’extrémisme tyrannique.

Mathieu Bock-Côté développe ainsi, en l’appuyant sur de nombreux exemples éclairants, l’avertissement des dissidents soviétiques passés à l’Ouest dans les années soixante et découvrant avec horreur que l’Occident suivait la même trajectoire fatale que l’URSS. À la différence près que les Occidentaux semblaient aimer leur servitude.

Il rappelle opportunément que « notre mémoire du totalitarisme est hémiplégique[7] » : car elle est enfermée dans un xxe siècle désuet, et doit être mise à jour « sans quoi nous ne parviendrons pas à voir comment il renaît sous nos yeux ». On peut d’ailleurs se demander si le rappel obsessionnel « des heures sombres de notre histoire » en Europe n’aurait justement pas pour objet de nous cacher la renaissance contemporaine du totalitarisme…

Un vaste camp de rééducation

Mathieu Bock-Côté montre en effet que la postdémocratie occidentale repose sur le même ressort que tous les totalitarismes : la transformation de la société en vaste camp de rééducation, au nom d’une vérité révélée du Bien, posée comme indiscutable. Et l’obligation pour tous de s’y convertir. Un totalitarisme qui n’a rien d’accidentel car « il est la conséquence de l’ambition démiurgique de la modernité, où l’homme oublie sa finitude et entend créer un paradis sur terre, et même, se créer lui-même[8] ».

C’est pourquoi la gauche n’est pas un programme mais un processus, lequel ne s’arrête jamais. Et celui qui est suspecté de ne pas adhérer à la prochaine étape du progrès – par exemple celui qui refuse de nos jours de reconnaître qu’un homme puisse être enceint – se trouve accusé de rechuter dans le passé, bref dans la réaction d’extrême droite. C’est bien pourquoi « la définition de l’extrême droite doit être sans cesse réactivée[9] » et la liste des proscrits sans cesse revisitée.

Ce qui arrive n’arrive pas et ce qui existe n’existe pas

Autre caractéristique de notre postmodernité totalitaire, le déni de la réalité, un art dans lequel nos médias sont passés maîtres.

C’est « non seulement la capacité du régime diversitaire à ne pas voir ce qui arrive, mais même à empêcher que le commun des mortels puisse le voir[10] ». Comme lorsque le ministre français de l’Intérieur ne voit dans les émeutiers ethniques de juillet 2023 que des « Kevin et des Mattéo » ou lorsque la justice ne communique pas l’identité des assassins de Thomas à Crépol. Mathieu Bock-Côté montre d‘ailleurs que le concept de fait divers « permet de nommer ce qu’on ne peut plus taire tout en faisant en sorte que ce qui est nommé ne structure pas le débat public[11] ».

Ce qui arrive n’arrive pas et ce qui existe n’existe pas, telle est la logique orwellienne du nouveau monde occidental. Donc, par exemple, les peuples, les sexes ou le grand remplacement n’existent pas. Et malheur à celui qui prétend le contraire ! Il exprime un discours de haine, et risque de se retrouver devant les tribunaux ou, dans certains pays, de se voir retirer la garde de ses enfants. Ce déni du monde réel provoque aussi une schizophrénie latente de la population, source de multiples déséquilibres et de violences.

Ce nouveau totalitarisme repose sur la construction d’une société de la surveillance autour d’un monde parallèle à la réalité « dont il est interdit de sortir sans se faire coller une contravention idéologique[12] », écrit joliment Mathieu Bock-Côté. C’est bien « la poursuite de l’expérience soviétique par d’autres moyens[13] », notamment au sein de ce qu’il appelle ironiquement l’EURSS…

Une analyse globale et cohérente

Il est bien sûr vain de prétendre résumer en quelques lignes l’essai extrêmement riche et très bien écrit de Mathieu Bock-Côté. En fait, il faudrait citer le livre entier…

Car il nous présente une analyse globale et cohérente d’un totalitarisme qui « n’est plus porté exclusivement par des marges fanatiques mais par le cœur se voulant rassurant de la société bourgeoise[14] ». Par des élites convaincues d’avoir raison et conduisant pour cette raison une politique délibérément antimajoritaire, pour reprendre la formule de Marcel Gauchet.

Un essai qui nous invite aussi en filigrane à ne pas nous résigner.

Alors entrons en résistance et commençons par lire et faire lire Le Totalitarisme sans le goulag au plus vite !

Par Michel Geoffroy le 2 décembre 2023

[1] Presses de la Cité, 2023, 22 euros.
[2] Bock-Côté (Mathieu), Le Totalitarisme sans le goulag, p. 241.
[3] Ibid., p. 203.
[4] Loc. cit.
[5] Bock-Côté (Mathieu), op. cit., p. 56.
[6] Ibid., p. 59.
[7] Ibid., p. 26.
[8] Ibid., p. 29.
[9] Ibid., p. 76.
[10] Ibid., p. 100.
[11]Ibid., p. 106.
[12] Ibid., p. 123.
[13] Ibid., p. 242.
[14] Ibid., p. 23.


Polémia


Laurent Obertone sur Cnews le 3 décembre 2023

Affaires Nahel à Nanterre, Thomas à Crépol : le décryptage - Allo le 17 ! - , Patrick Yvars, Maurice Signolet et Pierre-Marie Sève sur TV Libertés le 3 décembre 2023

ATTENTAT : Armand R. ne s'appelle par Armand

samedi 2 décembre 2023

Ukraine : Zelensky et le désastre occidental – Sylvain Ferreira sur TV Libertés le 1er décembre 2023

 

Crépol : ce sondage accablant pour Macron, Borne, Darmanin et Dupond-Moretti



Olivier Véran a été envoyé à Crépol par le pouvoir, dix jours après l'attaque sanglante du bal du village qui a coûté la vie à Thomas. Dix jours de retard qui s'ajoutent à des années d'impéritie. Pour faire oublier sa double défaillance, aussi bien dans son incapacité à maîtriser une violence endémique issue de l'immigration que dans sa tentative de minimisation des faits. Dans ce petit village de la Drôme, meurtri au sens propre, le ministre, sous les huées, a été contraint d'énoncer le constat qu'il réprouve quand c'est Éric Zemmour ou Marine Le Pen qui le fait. Comme la vaine récupération d'une indignation nationale qui le submerge.

Les Français sont cohérents et quand Véran, comme naguère Collomb, dit le réel et parle comme Zemmour ou Marine Le Pen, ils le suivent. Ainsi, selon un sondage Elabe publié, jeudi, par Les Échos, 78 % des personnes interrogées approuvent les propos du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. « Ce n’est ni un fait divers, ni une simple rixe en marge d’un bal de village. C’est un drame qui nous fait courir le risque d’un basculement de notre société si nous ne sommes pas à la hauteur. »

Les Français sont cohérents, mais pas dupes, et, après Crépol, comme Gabrielle Cluzel, savent bien que « la prophétie s'est déjà réalisée, que la société a basculé et qu'ils ne sont pas à la hauteur ». Toujours selon ce sondage, ils sont aussi 78 % à juger que la situation en matière de sécurité s'est dégradée, ces dernières années, en France. Et si ce n'est pas un basculement… « La progression est spectaculaire puisqu'elle atteint 10 points en un an, avec notamment une progression de 22 points chez les cadres et de 17 points parmi ceux qui se disent électeurs d'Emmanuel Macron. » Même l'électorat macroniste est contraint de voir le réel qu'il subit. D'où la nouvelle rhétorique Véran.

Mais là encore, les Français ne se laissent pas tromper par le gouvernement de la parole et de cette « plus grande fermeté » dont ils ne voient jamais la couleur. Et les chiffres deviennent vraiment inquiétants pour le pouvoir : 91 % des Français estiment que « le recul de l'autorité est un problème majeur » et 87 % pensent que la Justice est « trop laxiste ». Deux pourcentages en nette hausse. « Emmanuel Macron, comme Élisabeth Borne, Gérald Darmanin ou Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, ont beau multiplier les déclarations martiales, les Français sont loin d'estimer que les résultats sont au rendez-vous », commente Les Échos.

En matière de sécurité, de justice comme d'immigration, le roi Macron est nu et le fruit est mûr : quand une telle proportion de Français, de 75 % à 90 %, attendent un changement complet de politique, on voit mal comment un pouvoir responsable de cette situation et qui rechigne toujours à traiter les problèmes en profondeur pourrait se perpétuer longtemps. Après la majorité relative, en toute logique, devrait venir l'heure de l'alternance.

Ce sondage réalisé après Crépol enregistre un tournant : non seulement les Français n'adhèrent plus au discours que leur imposent médias dominants et gouvernement, mais ils sont une majorité à avoir pris conscience du basculement démographique et civilisationnel du pays : 54 % d'entre nous pensent que « deux peuples vivent en France, dont l’un doit fuir sans cesse les agressions d’une fraction de plus en plus violente de l’autre, un djihad du quotidien que subissent les Français »

Dans toute l'étendue du malheur français, cette prise de conscience est une bonne nouvelle.

Par Frédéric Sirgant le 2 décembre 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 30 novembre 2023

la chronique de la honte de Patrick Cohen#thomas #nahel #france #actualité #medias #politique

2 ans après le pass vaccinal, le QR code fait son grand retour pour les JO ! - Béatrice Rosen le 30 novembre 2023 sur Radio Courtoisie

Dupond-Moretti relaxé à l'insu de son plein gré ! - Les Colères de Collard le 30 novembre 2023 sur TV Libertés

Macron, inflation, insécurité : combien de temps les Français vont-ils tenir ? - Andréa Kotarac sur Radio Courtoisie le 30 novembre 2023

mercredi 29 novembre 2023

UE : ce projet de révision des traités pour finir d’écraser les nations



Le 22 novembre, le Parlement européen a adopté une résolution « tendant à la révision des traités ». Cela s’est fait dans une relative indifférence : le monde avait les yeux tournés vers Gaza, la France vers Crépol. L’intitulé lui-même, rébarbatif, semblait indiquer un énième ajustement bureaucratique.

Or, il n’en est rien. Il s’agit de « remodeler l’Union », au prétexte de la guerre en Ukraine et des défis auxquels sont confrontés les Etats membres alors que l’Union européenne est appelée à s’élargir toujours plus. Élargissons donc aussi ses compétences dans les domaines de l’environnement, de la santé publique, de l’éducation, du commerce, de la défense, de la lutte contre les discrimination !

Cette résolution, explique le député européen RN Jean-Paul Garraud à BV« venait d’eurodéputés des groupes Renaissance, de la gauche, des Verts, du centre droit (PPE) et des socialistes ». Elle était soutenue par la Commission européenne et sa présidente, Ursula von der Leyen. Et, bien sûr, Emmanuel Macron. Leur but ? « Réduire les États à des entités condamnées à obéir sans réagir », analyse M. Garraud, en réaffirmant « la primauté du droit de l’UE sur celui des États ».

Bientôt un président de l'Union européenne ?

Signe que l’Union européenne avance ses pions, la résolution évoque l’idée d’un « président de l’Union européenne ». La Commission européenne deviendrait alors « l’exécutif européen ». Autrement dit, « les technocrates bruxellois, bien aidés par ces eurodéputés hors-sol et sans attache, continue J.-P. Garraud, souhaitent mettre fin à nos nations afin de créer un grand ensemble européen où seul le marché importe. Ils comptent sur le profit économique pour unir les Européens, faisant fi des nombreuses différences qui les séparent pourtant : culturelles, linguistiques, etc. Cela va bien au-delà du fédéralisme, c'est de l’impérialisme. »

Pour asseoir cet impérialisme, il est nécessaire de désamorcer par avance les blocages que peuvent faire certains pays, empêcheurs de tourner en rond. La résolution demande d'abolir la nécessité de l’unanimité pour un certain nombre de décisions. Le Parlement européen « réclame le renforcement de la capacité d’action de l’Union, en augmentant considérablement le nombre de domaines dans lesquels les actions sont décidées par un vote à la majorité qualifiée ». C’était, figurez-vous, un vœu qu’exprimait Emmanuel Macron en mai 2022 - qui sait si, ayant tout raté en France, il ne se voit pas en premier président de l’Union européenne, avec des États aux ordres ?

Marine Le Pen, dès le lendemain du vote, a résumé la situation sur France Info : le rapport à l’origine de la résolution « dépouille en réalité les nations de l'intégralité quasiment de leur souveraineté ». Soupçonneuse, France Info s’est penchée sur la question et a bien été obligée de l’admettre : s’il faut faire la part de l’interprétation dans l’analyse de Marine Le Pen, il y a aussi du vrai. Ce n’est pas de l’ordre du fantasme.

Un grand plan de déconstruction de l'Europe 

Cette captation de souveraineté se fait évidemment - les Tartuffes ! - en réaffirmant les « valeurs démocratiques » que devraient promouvoir aussi bien l’éducation que la « politique commerciale commune ». Et le genre, donc ? On ne parlera plus d’instaurer « l’égalité entre les hommes et les femmes » mais « l’égalité de genre ». Cela renvoie, dit le Conseil de l’Europe« à des notions plus larges d’égalité en relation à l’identité de genre (les attentes et normes sociales associées à ce qui est masculin et féminin) et à l’orientation sexuelle ».

Pour Jean-Paul Garraud, se révèle par ces injonctions « une vraie volonté de ces gens de tout déconstruire, de faire disparaître nos repères, dont le genre fait partie, afin de nous noyer tous dans cette grande masse qu’est l’économie de marché ». Ce primat du marché régit aussi l'immigration, fût-ce contre les peuples : selon la résolution, l'UE vise à assurer par sa politique migratoire « la capacité à répondre aux besoins de main-d’œuvre du marché unique pour soutenir la situation économique des États membres ». Quand on vous dit que c'est pour votre bien !

Contre cette volonté d’asservir les États par la technocratie et des valeurs qui ne sont pas celles de l’Europe, se sont élevés les groupes Identité et Démocratie (auquel appartiennent les eurodéputés RN), celui des Réformistes et Conservateurs européens (ECR), les élus du Fidesz hongrois. La résolution l’a emporté à une courte majorité : 291 voix pour, 274 contre et 44 abstentions.

Et maintenant ? Rien n’est joué pour autant. Jean-Paul Garraud nous donne rendez-vous aux européennes 2024 : « Si ce texte est grave par le fond et la volonté folle de ses auteurs, il n’en reste pas moins une résolution sans application. Rien n’est donc encore fait, conclut-il, et l’élection en juin prochain d’une majorité patriote au Parlement européen doit absolument bloquer cela. » 

Disons clairement à l'Union européenne notre avis sur ces questions... tant qu'on en a encore le droit.

Par Samuel Martin le 27 novembre 2023

Boulevard Voltaire