mardi 30 juillet 2024

Le Festin des Dieux et non La Cène ? On nous prend pour des canards sauvages



Le directeur artistique de la cérémonie des JO, Thomas Jolly, l’assure : non, ce n’est pas du tout une parodie de La Cène à laquelle nous avons assisté vendredi soir. La preuve ? Apparaissait un Dionysos schtroumpfé en bleu (Philippe Katerine). Selon les médias, Thomas Jolly songeait plutôt au Festin des Dieux, de Jan Harmensz van Bijlert (1635). Non contents d’être paranoïaques, les chrétiens seraient incultes ? Et Françoise Degois, ancienne journaliste politique de France Inter, de demander à Marion Maréchal, aux évêques et à Mélenchon, de ravaler leur indignation.

Mais la dénégation de Thomas Jolly ne convainc pas. D’abord parce que Philippe Katerine n’est intervenu qu’à la toute fin, plus de 40 minutes après l’ouverture du tableau qui, par la disposition générale et la répartition des drag-queens, ne faisait penser qu’à La Cène. Ensuite parce que l’un des participants au show, le drag-queen Piche, a mentionné la Cène sur BFMTV, tout comme France TV sur X… avant de supprimer son tweet.

 

Un spectacle tel que celui du 26 juillet se construit sur des repères aisément identifiables. Le french cancan, le jeu vidéo Assassin’s Creed, la toile La Liberté guidant le peuple… étaient quelques-uns de ces repères. Il serait surprenant que Jolly ait choisi ce médiocre tableau du musée de Dijon, Le Festin des Dieux, que personne ne connaît, pour imaginer son tableau - alors que la Cène du Vinci fait partie de l’iconographie universellement connue. Là, tout le monde « a la rèf », comme on dit, depuis le triomphe mondial du roman complotiste de Dan Brown, The Da Vinci Code, et le succès de son adaptation cinématographique.

Une cible obsessionnelle

La Cène appartient en effet à la « culture populaire », comme écrit Le Parisien qui s’attache à relever les nombreuses occurrences du motif, dans tel épisode des Simpson, de Dr House, de South Park, etc. Il est parfois difficile de distinguer si l’allusion est purement iconographique ou tourne en dérision le récit testamentaire et ce qu’il signifie. Si l’on met de côté une publicité plus bête que méchante de Volkswagen (1998), La Cène a été dans quelques cas la cible obsessionnelle d’une intention blasphématoire qui ne se cachait pas:

  • En 1996, première déconstruction wokiste sous le titre Yo Mama’s Last Supper. Nue, la photographe jamaïcaine Renée Cox prend la place du Christ et le seul disciple blanc est… Judas.
  • En 2003, le photographe David Lachapelle donne une version hip-hop, « gangsta », de la Cène.
  • La même année, le photographe Tim White-Sobieski présente Jésus en femme, entourée d’enfants en treillis.
  • En 2005, la photographe Bettina Rheims s'y met à son tour pour la marque de mode Marithé + François Girbaud, avec des femmes pour jouer Jésus et les disciples. Un seul homme, Judas !
  • En 2017, c'est avec treize singes portant des masques de clown que le plasticien Philippe Pasqua reconstitue La Cène.

La cohérence dans la haine de soi

A défaut de créativité, il y a une cohérence. Disciples remplacés par des femmes, des enfants, des Noirs - tout sauf le mâle blanc judéo-chrétien. Que les rôles soient joués, en 2024, par des drag-queens, le plus mafflu d’entre eux figurant le Christ comme auréolé d’une hostie, est conforme au progressisme woke. Lorsque Thomas Jolly, théâtreux de gauche qui baigne dans cet univers mental, assure qu’il ne songeait pas à La Cène, il prend les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. L'AGRIF ne s'y est pas trompée : elle « ira devant les tribunaux défendre le droit des Chrétiens au respect auquel chacun a droit »

L'ECLJ invite à signer une pétition adressée au CIO. La cérémonie d’ouverture des JO a tourné en dérision l’Ancien Régime avec l’évocation violente de la décapitation de Marie-Antoinette, moqué l’armée en mêlant Aya Nakamura à la Garde Républicaine... L’attaque contre le christianisme complète l'odieux puzzle.

Par Samuel Martin le 29 juillet 2024

Boulevard Voltaire


mercredi 24 juillet 2024

Une belle mystification



Bon. On ne va pas s’appesantir ce matin. 

Les dernières législatives ont été marquées par un rejet viscéral du macronisme au premier tour 13% des voix et au second, en léger mieux grâce aux arrangements avec l’ennemi d’hier le NFP: 15%. Mais le sens de ces élections était clairement halte au mépris et l’arrogance qui entraînent le pays par le fond. 

Or, à l’issue des magouilles arrangements et compromission en tout genre, le macronisme garde la main et la présidente macroniste de l’AN est réélue au perchoir. Au fond, rien ne change. Le vote populaire est balayé d’un revers de main. Ils se foutent du vote populaire, une fois de plus comme pour le référendum de 2005. 

On fait soi-disant appel aux urnes pour trancher dans le vif mais quand les Français ont mal voté, on se tape de leur vote, on en balaye les conséquences dans un éclat de rire. Excusez moi, j’écris mal car j’écris vite, je suis pressé ce matin. Dans les médias à la botte, radio télé et une partie de la presse, presque tout le monde est content! 

Le macronisme, condamné par les Français pour son culte autocratique et vaniteux sur fond d’effondrement général du pays (financier, sécuritaire, économique et social, diplomatique) est rayonnant ce matin et jubile. Parler de démocratie dans ces conditions est une imbécilité. On se moque des Français, cette fois encore, de manière trop flagrante, sans complexe, comme une bonne blague. 

Mais bien sûr! appelez donc au vote des Français pour la frime et ensuite, s’il ne vous convient pas, envoyez les paître (je reste poli, vous voyez) avec un grand bras d’honneur. Le mépris et l’arrogance sont les deux mamelles de la France politique comme dirait l’autre… 

Et vous ne voyez pas, vous ne sentez pas qu’un jour tout cela va se payer?

Par Maxime Tandonnet le 19 juillet 2024

Le blog de Maxime Tandonnet

LIBERTÉ D'EXPRESSION EN DANGER ? CLÉMENCE HOUDIAKOVA SORT LA SULFATEUSE

JO 2024 : l’ARMÉE de Terre sort les GROS moyens. Va + le 24 juillet 2024

 

Le NFP veut imposer Lucie Castets à Matignon, mais rien n’oblige E. Macron


Un « non » qui ne passe pas. 

Ce 23 juillet, peu après 20 heures, Emmanuel Macron semble avoir fermé la porte à la nomination d’un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire. « Il serait faux de dire que le NFP a un majorité quelle qu’elle soit » a ainsi rappelé le chef de l’Etat. Avant d’ajouter : « Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes et un budget ». Tollé à gauche alors que les membres du Nouveau Front populaire venaient enfin de se mettre d’accord, au terme de quinze jours de négociations, sur un nom - celui de Lucie Castets, une haut-fonctionnaire inconnue du grand public à la tête des finances et des achats de la ville de Paris - pour Matignon. 

« Que d’efforts d’Emmanuel Macron pour nier que le NFP est le bloc arrivé premier ! […] Cette négation du suffrage universel l’amènera dans l’impasse » s’est ainsi agacé Eric Coquerel, député LFI réélu à la tête de la Commission des finances. Un sentiment partagé par Jean-Luc Mélenchon qui dénonce un « Président qui refuse le résultat de l’élection ». 

Chez les Verts, Marine Tondelier appelle « Emmanuel Macron [à] sortir du déni ». « Nous avons gagné, nous avons un programme, nous avons une Première ministre » clame-t-elle sur ses réseaux sociaux

Et Fabien Roussel, pour qui ce refus de nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre représente une « violence extrême pour notre démocratie ».

Seul le Président décide

Mais n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon et ses alliés du NFP qui, depuis le soir du second tour des élections législatives anticipées revendiquent la victoire et réclament la nomination d’un Premier ministre de gauche, rien n’oblige constitutionnellement le Président de la République à choisir un Premier ministre issu ou proche du NFP. L’article 8 de la Constitution est clair à ce sujet. « Le Président de la République (et lui seul, NDLR) nomme le Premier ministre. » Aucun délai n’est par ailleurs imposé. Autrement dit, le choix du locataire de Matignon est uniquement entre les mains d’Emmanuel Macron. Ce n’est pas parce que François Mitterrand et Jacques Chirac, lors des précédentes périodes de cohabitation, avaient choisi un Premier ministre issu des rangs du parti arrivé premier au soir des élections législatives que cette pratique prévaut sur le droit.

D’autant plus que si le RPR en 1986 et 1993 et le Parti socialiste en 1997 avaient, en leur temps, obtenu une majorité absolue à l’Assemblée nationale qui pouvait justifier la nomination d’un Premier ministre issu de leurs rangs, aujourd’hui, il n’en est rien. Alors que le NFP tente de faire croire qu’il a gagné les élections législatives et que lui seul peut prétendre à Matignon, la réalité arithmétique du Palais Bourbon rappelle qu’aucun parti, ni aucune coalition n’est majoritaire. Le NFP est certes arrivé en tête en nombre de sièges (182 sièges) mais reste loin - très loin - de la majorité absolue (289 sièges) nécessaire pour gouverner et appliquer son programme.

Un Premier ministre gestionnaire ?

Ainsi, si rien n’oblige, d’un point de vue strictement juridique et constitutionnel, le Président à nommer Lucie Castets à Matignon, la réalité politique de l’Assemblée nationale le contraint tout de même. Comme Emmanuel Macron l’a lui-même souligné lors de son intervention télévisée ce 23 juillet, il doit nommer un Premier ministre capable de faire adopter « des réformes et un budget ». Le Premier ministre doit donc pouvoir rassembler autour de sa personne une coalition assez large pour obtenir la confiance du Parlement - procédure non obligatoire - mais surtout pour éviter d’être renversé par la première motion de censure. Le Premier ministre, quel que soit son parti d'origine s'exposerait ainsi à une motion de censure, un texte déposé par au moins un dixième des députés qui doit être adopté à la majorité absolue. Si adopté, ce texte entraine d'une part la démission du gouvernement en place et le rejet du texte sur lequel cette motion a été engagée. Il y a fort à parier, faute de majorité relative ou absolue que les oppositions se coaliserait pour renverser n'importe quel gouvernement en place, notamment si celui-ci est dirigé par la France Insoumise, parti qui cristallise les critiques.

En son temps, le général de Gaulle préconisait donc en cas de fragmentation de l’Assemblée nationale, de nommer un « Premier ministre gestionnaire » et un gouvernement de « techniciens ». « Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence. Des commis de l'Etat. Des gestionnaires » confiait-il à Alain Peyrefitte. De Gaulle ajoutait tout de même : « Un raz de marée de l'opposition apparaîtrait fatalement comme un désaveu à mon égard. J'en tirerais aussitôt les conséquences. » 

Une dernière option qu’Emmanuel Macron semble avoir d'ores et déjà écartée…

Par Clémence de Longraye le 24 juillet 2024

Boulevard Voltaire


lundi 22 juillet 2024

Un exemple du génie français : le Tour de France

 


Ce dimanche 21 juillet, les yeux et les caméras sont braqués sur Nice : pour la première fois de son histoire, le Tour de France terminera sa course sur la promenade des Anglais.

Après les Jeux olympiques modernes et la Coupe du monde, le Tour de France est le spectacle sportif le plus regardé au monde. Qui sait que ce sont trois idées françaises ?

On pourrait croire que le vélo est un mode de déplacement aussi vieux que le monde, aussi ancien que la roue ou la charrette, tellement son fonctionnement paraît simple et évident. Or, son existence n’a pas deux cents ans. Et on la doit surtout à trois inventeurs : Karl Drais, Pierre Michaux et André Galle. Le premier a inventé la machine à courir, ou draisienne ; quelques décennies plus tard, le deuxième pense à ajouter des pédales ; et, enfin, le troisième dépose en 1829 le brevet de la chaîne à maillons, inspirée des dessins du génial Léonard de Vinci. On citera John Dunlop et Édouard Michelin pour le confort du pneu et celui de la chambre à air. Depuis la fin du XIXe siècle, la petite reine appartient à Monsieur Tout-le-Monde.

L’engouement ne se fait pas attendre. Sport, tourisme et spectacle additionnés vont faire de la bicyclette un instrument incontournable. C’est en 1902 que le Tour de France voit le jour. Les rédacteurs de l’ancêtre du journal L’ÉquipeL’Auto, cherchent une idée pour augmenter sa diffusion. « Et si on faisait un tour de France cycliste ? » Sept mois plus tard, le projet devient réalité. Juillet 1903, c’est le départ du premier Tour, à Montgeron, au sud de Paris, avec 60 coureurs. 2.500 kilomètres à parcourir en 6 étapes, de jour et de nuit. Et l’arrivée à Paris, au Parc des Princes.

Aujourd’hui, 150 millions de téléspectateurs depuis 190 pays suivent la Grande Boucle pendant trois semaines. À partir des années 1960, la télévision a décuplé le goût du spectacle grâce à des caméras embarquées sur les motos des reporters jusque dans les descentes les plus vertigineuses de nos montagnes. Sensations assurées. Et les spectateurs se pressent au bord des routes, toujours plus nombreux. Quel plaisir de frôler ces athlètes dans l’effort comme aucun autre sport ne le permet ! Et la caravane publicitaire prend, au fil des ans, des allures de carnaval où les marques regorgent d’imagination pour séduire le public.

À chaque tour, son lot d’anecdotes et de drames. On ne compte plus les chutes, ni les ravins… 1960 : Roger Rivière, sans doute le meilleur rouleur de tous les temps, voit sa carrière stoppée en pleine gloire en tombant dans un précipice quinze mètres plus bas. L’Anglais Tom Simpson, champion du monde, accablé par le soleil et la chaleur, succombe à une crise cardiaque dans la côte du mont Ventoux, en 1967. 1971 : l’Espagnol Ocaña, alors qu’il porte le fameux maillot jaune du meilleur coureur, fait aussi une culbute lors d’une descente dans les Pyrénées. Plusieurs fractures l’obligent à abandonner. 1995 : l’Italien Fabio Casartelli, champion olympique, se casse la figure au sens propre et cogne un plot en béton. Il meurt sur le coup.

Chacun de nous, selon sa génération, est marqué par un grand moment de suspense sur le Tour : la longue ascension du Puy-de-Dôme, en 1964, avec Anquetil et Poulidor dans un coude-à-coude inoubliable ; Merckx, en 1969, dans une échappée de 140 kilomètres avant qu’il ne gagne l’étape ; Laurent Fignon, en 1989, qui pensait avoir remporté son troisième Tour, a perdu à la toute dernière étape pour huit malheureuses secondes, derrière l’Américain Greg Lemond, après un parcours de 3.250 kilomètres ! Qui se souvient que les victoires de l’Américain, en France, ont entraîné la mode et la pratique du vélo aux États-Unis ?

Et notre Bernard Hinault, le plus grand cycliste français, compte dans son palmarès cinq Tours de France au début des années 1980. Vexé par des critiques de la presse pour un prétendu manque de panache, le champion affirme à son équipe qu’il va gagner le jour même la dernière étape. Et il tiendra parole en arrivant aux Champs-Élysées devant les sprinters !

La « Grande Boucle » passant, en 1960, à Colombey-les-Deux-Églises, le général de Gaulle et tante Yvonne s’approcheront pour applaudir les coureurs. Le peloton, ayant appris leur présence, se met d’accord pour mettre pied à terre et saluer le Général.

La légende serait trop belle, il fallait bien une ombre au tableau : celle du dopage, qui touche plusieurs sports depuis toujours. Une certaine presse fait du scandale ses choux gras et, bien sûr, sans attendre une preuve de délit. Oublions-la !

À la grande fête populaire et au spectacle sportif s’ajoute un décor grandiose : la beauté des paysages, cathédrales, châteaux, villages et monuments uniques au monde qui témoignent de l’Histoire de notre pays. Après Léon Zitrone, Robert Chapatte et d’autres, le grand conteur Franck Ferrand apporte aujourd’hui aux commentaires sportifs une raison de plus d’aimer et faire aimer la France. 

Et le génie français !

Par Antoine de Quelen le 21 juillet 2024

Boulevard Voltaire


Les pratiques (très) TROUBLES de la France Insoumise - Thomas Guénolé sur VA + le 12 juillet 2024

Déclaration de Marine Le Pen à l'Assemblée nationale - 19/07/2024

jeudi 18 juillet 2024

« L’inverse » du Puy du Fou : révélations sur la cérémonie d’ouverture des JO



J-9 avant le lancement officiel des Jeux olympiques de Paris 2024. Alors que la capitale se couvre de gradins, que des rues parisiennes se retrouvent encerclées de grillage et qu'Anne Hidalgo a enfin plongé dans la Seine, le metteur en scène et les quatre concepteurs, dont Patrick Boucheron, de la cérémonie d’ouverture dévoilent les premiers éléments de la soirée du 26 juillet. Adieu les bérets et le folklore régional de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby, incarnée à l’automne par Jean Dujardin. Place, désormais, à la déconstruction, au « wokisme d’atmosphère », selon les mots de la sénatrice Valérie Boyer (LR).

Métissage planétaire

C’est dans les colonnes du Monde que Thomas Jolly, metteur en scène, Patrick Boucheron, historien, Leïla Slimani, auteur prix Goncourt 2016, Damien Gabriac, dramaturge, et Fanny Herrero, scénariste (Dix pour cent), dévoilent les premiers détails de la cérémonie d’ouverture. D’emblée, Patrick Boucheron, connu pour son ouvrage controversé L’Histoire mondiale de la France, donne la couleur. La cérémonie d’ouverture sera « le contraire d’une histoire virile, héroïsée et providentielle ». Suivi par près de 300.000 spectateurs sur les quais et ponts de Seine, et par des millions de téléspectateurs à travers le monde, le spectacle se veut moderne, aux antipodes de la cérémonie d’ouverture de Pékin en 2008. 

La cérémonie chinoise, « c’est exactement tout ce que nous ne voulions pas faire : une leçon d’histoire adressée au monde depuis le pays d’accueil, une ode à la grandeur et une manifestation de force », explique ainsi Patrick Boucheron. À l’époque, le spectacle avait pour ambition de représenter plus de 5.000 ans d’Histoire de la Chine sur fond de musique et costumes traditionnels. Pour l’historien français, soutien du Nouveau Front populaire, hors de question de faire de la cérémonie de Paris 2024 une glorification de l’Histoire de France. Au contraire, selon lui, le spectacle du 26 juillet doit « déjou[er] les stéréotypes nationaux et ne pas craindre de prôner le "métissage planétaire" ». Son inspiration ? Le bicentenaire de la Révolution française en 1989 mis en scène par Jean-Paul Goude.

Pour les cinq compères, la cérémonie d’ouverture des JO 2024 sera donc tout « l’inverse » du Puy du Fou, le célèbre parc vendéen, primé, qui exalte et raconte l’Histoire de France. Rien d’étonnant, quand on sait que Patrick Boucheron a signé, en juillet 2023, un reportage à charge contre le parc à thèmes de Philippe de Villiers dans lequel il dénonçait « une conception étriquée » de l’Histoire et une « vision très sélective du passé national ». Aussi, si on ne connaît pas encore précisément les douze tableaux qui composeront la cérémonie d’ouverture qui se tiendra sur la Seine et dans « le ciel », on sait d’ores et déjà ce qu’on ne verra pas… 

À moins que les danseurs, qui dénoncent une iniquité de traitements des salaires, ne mettent leur menace de grève à exécution. Le spectacle tomberait alors à l'eau...

Une cérémonie woke ?

Ces premières révélations sur la cérémonie d’ouverture n’ont pas manqué de faire réagir et de décevoir certains spectateurs. « Être fier de la France, valoriser sa culture millénaire et son héritage, c’est visiblement trop demander. Nous inviterons donc les autres nations dans un tiers-lieu, un carrefour non identifié et déconstruit. Une vitrine de la pensée LFI. Ça promet… » soupire Julien Aubert, ancien député Les Républicains. 

Et Valérie Boyer, sénatrice LR, de fustiger : « Patrick Boucheron ou le wokisme d’atmosphère. Mais pourquoi choisir Paris (le cœur historique de Paris), si ce n’est pas pour organiser un rendez-vous du monde avec la France ? »

Par Clémence de Longraye le 18 juillet 2024

Boulevard Voltaire


vendredi 12 juillet 2024

La lettre de Macron : l’art de se moquer du monde



Difficile de rester poli lorsqu’on lit la lettre qu’Emmanuel Macron a adressée aux Français ce 10 juillet 2024. Au mieux, cet homme nous écrit d’une planète qui n’est pas la nôtre. Ce qui un peu le cas puisque, a priori, ce courrier a été envoyé depuis l’avion présidentiel alors que le chef de l’État se rendait au sommet de l’Alliance atlantique à Washington. Au pire, Macron se moque totalement, pour ne pas dire plus, de ses « chères Françaises, chers Français ». 

Personnellement, nous penchons pour la deuxième hypothèse. De la première à la dernière ligne, tout sonne faux dans cette missive : de la formule d’appel « Chères Françaises, chers Français » à ce « En confiance » qui conclut ce petit chef-d’œuvre de « foutage de gueule ». 

Effectivement, il fallait oser écrire « En confiance », alors que les Français, par trois fois, en moins d’un mois, on dit très clairement qu’ils n’ont plus confiance en lui. On touche là les sommets du déni ou du cynisme, voire des deux à la fois. A-t-il souri lorsqu’il a écrit cette petite phrase conclusive ? On l’ignore.

Macron, mauvais perdant

Passons sur la façon d’enjamber les résultats de ces élections législatives. « Si l’extrême droite est arrivée en tête au premier tout avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au gouvernement », affirme le Président qui se garde bien d’évoquer le fait que le Rassemblement National est aussi arrivé en tête au second tour en nombre de voix : 8,7 millions contre 7,5 millions au Nouveau Front populaire et seulement 7 millions au camp présidentiel. 

En pourcentage, cela parlera mieux : plus de 36 % pour le RN, 25 % pour la gauche et 23 % seulement pour la Macronie. Il est donc faux de dire, comme le fait Macron, que les Français ont clairement refusé que le RN et ses alliés accèdent au pouvoir. Tout sonne faux dans cette lettre, disions-nous. « Personne ne l’a emporté », ajoute-t-il. Pour le coup, ce n’est pas faux ; c’est même plutôt vrai. En creux, pour être plus clair, cela veut dire que Macron a été défait. Quand on perd plus de 100 députés par rapport à la dernière législature, on ne dit pas qu’on ne l’a pas emporté, on dit qu’on a perdu. Mais l’on sait que Macron est mauvais perdant.

Monsieur pose ses conditions

Mais, visiblement, ces millions d’électeurs et leurs aspirations à plus de sécurité, de souveraineté, à moins d’immigration, à conserver l’identité de notre pays, comptent pour peu de chose pour Emmanuel Macron. En effet, Monsieur, dans son avion présidentiel, se permet de dire qui est républicain et qui ne l’est pas. « Je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme [Faut quand même être gonflé d’écrire ça quand on sait comment Macron a maltraité le Parlement à coups de 49-3 !], une orientation européenne [Peut pas s’en empêcher] et la défense de l’indépendance française [Là aussi, quel culot !] d’engager un dialogue sincère et loyal [On se pince] pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle [Comme la gauche de jadis ?] pour le pays ». Mais de qui se moque-t-il ? En gros, j’ai semé le chaos et maintenant débrouillez-vous ! 


Mais – attention ! - en respectant strictement mon cahier des charges. Car, on aura lu entre les lignes, LFI – on s’en réjouira – est exclu du dispositif ainsi que le Rassemblement National qui, pourtant, n’a jamais appelé à marcher sur Matignon et a toujours respecté les institutions républicaines depuis qu’il existe. Et donc, Monsieur explique tranquillement, aux Français, qui, à plus de 75 %, ont voté contre les candidats de son camp, que « c’est à la lumière de ces principes » qu’il décidera de la nomination du Premier ministre. Royal.

On n’a pas de conseils à donner au Président, mais il ne devrait peut-être pas trop mépriser les deux bouts de l’échiquier politique, notamment à droite, car, si à Dieu ne plaise, il réussit à nommer un Premier ministre qui remplisse ce joli cahier des charges, ce mouton à cinq pattes sera à la merci de la moindre motion de censure de la gauche et de l'extrême gauche, convaincues qu'elles ont gagné les élections. 

Qui dit que demain, ce Premier ministre ne devra son maintien à Matignon qu’à la seule faveur, par exemple du Rassemblement National et des amis de M. Ciotti qui ne voteraient pas cette motion de censure ? Faut-il rappeler à Macron que la corde peut parfois soutenir le pendu. Mais nous n’y sommes pas encore…

En principe, une lettre appelle une réponse. On l'appellera « la lettre à l'Élysée » !

Par Georges Michel le 11 juillet 2024

Boulevard Voltaire

Matinale du 12/07 : « LA DÉMOCRATIE FRANÇAISE EN PLS ! LES DÉPUTÉS À LA GAMELLE ! »

 

Thibaut Monnier, député de la 4 ème circonscription de la Drôme

 


Les héritiers des Lumières volent bas et pensent creux



La « clarification » obscure, cette coquecigrue produite par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée nationale, reflète la confusion intellectuelle qui s’est installée au cœur du Système qui s’effondre. 

Le pouvoir se comporte comme un canard sans tête. Une bêtise collective s’est emparée des élites en chaises longues. Celles-ci ont unanimement réduit le débat politique à des postures irréfléchies contre le RN, rendant infertile le champ des idées. Rien ne pousse sous les tas de pierres lancées depuis des lustres par des Jean Moulin d’opérette contre le fascisme que représenterait Marine Le Pen. Mais si Le Pen est le fascisme, le fascisme n’était-t-il donc que cela ?  Les résistants du nouveau « No pasaran ! » se flattent, derrière le chef de l’Etat, d’avoir écarté « l’extrême droite » de Matignon en la personne de Jordan Bardella

Ce faisant, ces promoteurs moutonniers du front républicain découvrent aujourd’hui, avec une extrême gauche revivifiée, le monstre « humaniste » qu’ils ont sottement couvé dans un combat commun contre la « lèpre ». Les macronistes feignent de s’étonner du vrai visage de ce partenaire sectaire et violent, qui a rendu l’antisémitisme tolérable aux yeux de la gauche « antiraciste ». Hier, Adrien Quatennens (LFI) a même appelé à « une grande marche populaire » sur Matignon afin de faire « céder » le président dans son choix d’un insoumis comme premier ministre. L’abêtissement a réduit le théâtre politique à des affrontements puérils, avec vociférations et mises à l’index. Le

Les héritiers de la France des Lumières, gagnés par la rhinocérite, volent bas et pensent creux.Il est vain d’appeler à une « coalition d’idées », comme l’a fait ce mercredi Gérald Darmanin sur Europe 1, sans jeter préalablement les œillères du prêt-à-penser qui forcent au pilotage automatique. Le ministre de l’Intérieur a beau reconnaître que son camp a « perdu les élections », il persiste à raisonner en vase clos quand, par exemple, il déclare, après la révélation d’un dîner entre Edouard Philippe et Marine Le Pen : « Moi je n’aurais pas dîné avec Marine Le Pen ». 

Or, comme le rappelle Dominique Reynié dans Le Figaro de ce jour, « le RN, c’est la droite », puisqu’il en représente 80 % de ses votes. Refuser de rencontre Le Pen, c’est refuser la démocratie. La macronie reste incapable de se défaire de son grotesque sentiment de supériorité, qui lui fait rejeter, avec le RN, un parti qui s’efforce d’être au plus près d’une société oubliée qui n’en peut plus d’être méprisée pour son enracinement et son sentiment de dépossession.

Alors qu’à droite une jeune génération d’intellectuels et de journalistes bouillonne d’idées neuves (Causeur leur rend hommage dans son dernier numéro), le conformisme reste la pesanteur du vieux monde politico-médiatique dont la grille de lecture manichéenne (les gentils, les méchants) l’éloigne de la vie des gens ordinaires. Rien n’est plus urgent pour les « élites » à la ramasse que d’oser réfléchir enfin, au-delà des anathèmes, aux questions liées à l’immigration, à la nation, à la cohésion nationale, etc. Le RN et les LR doivent eux-mêmes consolider leurs doctrines en s’ouvrant aux confrontations intelligentes. Ils s’apercevraient alors qu’ils pensent, en fait, la même chose sur presque tout.

Par Ivan Rioufol le 10 juillet 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol

lundi 8 juillet 2024

Allocution de Jordan Bardella le 7 juillet 2024

Hervé de Lépinau (RN) sur Radio Courtoisie le 8 juillet 2024

 

Une victoire indécente et en trompe-l’œil



Halte au sketch, aux congratulations, à la gloriole bruyante. Car ce tapage triomphant n’est qu’un grossier trompe-l’œil. Tout est affaire de récit. Jean-Luc Mélenchon, peu après 20 heures et la publication des résultats signant l’arrivée en tête du Nouveau Front populaire, prend la parole. Il se réjouit bruyamment de la défaite du Rassemblement national qui, à l’écouter, aurait été balayé. Mais la réalité est tout autre : si l’on en croit les estimations à l’heure où j’écris ces lignes, son parti La France insoumise stagne, tandis que le Rassemblement national voit son nombre de députés presque multiplié par deux. 

En nombre absolu, le Rassemblement National a rassemblé près de neuf millions de voix, contre 7 millions pour le NFP et un peu plus de 6 millions pour Ensemble. L’apparent succès du Nouveau Front populaire n’est lié qu’à une entourloupe arithmétique, comme un bilan d’entreprise au bord de la faillite qui maquille son bilan en additionnant adroitement des lignes comptables. Et cette entourloupe va permettre à la gauche de diriger un pays ayant voté à droite.

Évidemment, le résultat du RN n’est pas celui annoncé, loin s’en faut. Bien sûr, le barrage, même usé et essoufflé, a une fois de plus fonctionné. Naturellement, le gouvernement de coalition qui s’annonce à de quoi inquiéter, sur tous les plans : celui de l’immigration, de la sécurité, de la justice, de l’économie, du sociétal… Sans parler des élus plus que douteux : un fiché S - en la personne de Raphaël Arnault, député à Avignon, la ville où a été tué le policier Éric Masson, quel symbole ! - fait son entrée à l’Assemblée nationale. Mais ouf ! grâce au front républicain, le danger RN est écarté. Quel soulagement, la France peut dormir tranquille, n’est-ce pas ?

Sauf que s’il y a une dynamique, elle est du côté du RN. Et ces désistements bricolés ne peuvent effacer le motif même de ces élections législatives : le résultat des européennes.

Parmi tous les commentaires entendus sur les plateaux de télévision, ce dimanche soir, ceux de l’ancien ministre de la Défense et centriste Hervé Morin sont sans doute les plus sages, car les plus humbles et les plus inquiets : que l’on puisse refermer tranquillement le couvercle sur la Cocotte-minute™ des européennes et du premier tour des législatives, bien ligotée avec la vieille grosse ficelle du cordon sanitaire, en s’imaginant que le contenu va se volatiliser est une folie. Il va, au contraire, macérer, montrer en pression. Jusqu’aux prochaines élections. Les présidentielles.

En attendant, place de la République, les émeutes ont commencé. Quand l'extrême gauche perd, elle casse tout. Quand elle gagne, elle casse tout aussi.

Par Gabrielle Cluzel le 8 juillet 2024

Boulevard Voltaire

dimanche 7 juillet 2024

Emmanuel Macron sur nos écrans ?



Selon de nombreux médias, le Président de la République va s'adresser aux Français et Françaises ce soir vers 20 h 10.

La chose va devenir une habitude...

Législatives 2024. Quelle est la participation au 2e tour à 12 h dans le Jura ?

 


Ce dimanche 7 juillet 2024, les électeurs du Jura sont à nouveau appelés aux urnes depuis 8 h et jusqu’à 18 h, pour le deuxième tour des élections législatives anticipées, après la dissolution de l’Assemblée nationale, décidée dimanche 9 juin 2024, au soir des élections européennes par le chef de l’Etat. 

Participation en hausse dans le Jura

À 12 h, la participation était de 31,80 % pour le Jura ; un taux légèrement en hausse par rapport au premier tour, dimanche 30 juin 2024, à 26,66 %, mais aussi par rapport au deuxième tour des législatives de 2022 (26,13 %) et au deuxième tour des législatives de 2017 (19,21 %). 

Rappelons que dimanche 9 juin 2024, pour les élections européennes, le taux de participation était de 23,28 % à midi dans le Jura.

Par Océane Sainte-Marthe le 7 juillet 2024

La Voix du Jura

La participation s’élève à 26,63%, un record depuis 1981



26,63% des Français ont voté pour les candidats au second tour des législatives à midi, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur. Une participation en hausse, la plus haute depuis 1981. 

Elle s’élevait à 25,90% dimanche dernier, et à 18,43% en 2022.

Le 7 juillet 2024

Le Figaro


jeudi 4 juillet 2024

Portrait d’un journaliste aux abois

 


Dans les rédactions, conscient que beaucoup trop de téléspectateurs ou d’auditeurs ont voté RN, et qu’il ne peut pas indéfiniment leur cracher au visage, l’éditorialiste politique type désespère de ne pas voir advenir un « front républicain » plus franc, comme d’habitude…


Il était déjà journaliste sur une grande chaîne du service public quand Jordan Bardella adhérait au Front national. C’était en 2012. Il orchestrait alors une campagne médiatique féroce contre le Nicolas Sarkozy de Patrick Buisson, celui qui faisait l’éloge de la nation. Il avait pointé publiquement, dans un édito demeuré célèbre, les similitudes inquiétantes entre son discours et celui de l’extrême-droite ; puis, il avait interrogé des historiens, des politologues et des analystes, d’une neutralité d’acier, qui tous avaient diagnostiqué chez le président-candidat une poussée de pétainisme, maladie habituelle des courses électorales ; enfin, il s’était demandé si ce candidat était toujours dans le champ républicain. Il avait conclu sa chronique par une question ouverte aux auditeurs, posée d’une voix grave et théâtrale : fallait-il interdire à cet homme de se présenter à l’élection présidentielle ?

Quelle époque !… François Hollande avait triomphé. En cinq ans, l’insécurité avait explosé ; l’immigration était devenue incontrôlable ; le peuple se divisait, la dette s’envolait, l’école s’effondrait. Mais lui vivait sur un nuage doré… Tantôt à la télé, tantôt à la radio, il prêchait la moraline, applaudissant aux grandes décisions d’un chef de l’État qui avait depuis longtemps abandonné le socialisme pour le sociétal, conspuant sans relâche, avec la meute, la « droite », et surtout « l’extrême-droite » qui montait dangereusement — mais toujours dans le strict respect de la neutralité du service public.

L’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron avait été la première ombre portée à son existence radieuse. Il s’en était vite accommodé, cependant ; car ce bon bourgeois fort bien engoncé dans un monde à son image, dont la vie paraissait devoir s’écouler jusqu’à son terme dans une sécurité relative, trouvait la social-démocratie merveilleuse. Jusqu’alors le système, par une complexité d’horloge, s’était maintenu grâce à l’illusion démocratique de l’alternance ; les mêmes élites parvenaient au pouvoir ; et lorsque leurs faux débats entraînaient une division trop importante favorable aux extrêmes, — comme en 2002 —, ils instituaient entre eux le « cordon sanitaire », et au nom de la démocratie, protégeaient ainsi leurs privilèges : cela s’appelait le théâtre antifasciste (L. Jospin). Seulement, ce théâtre, pour fonctionner, devait demeurer caché ; c’était comme un tour de magie dont il ne fallait pas dévoiler les ficelles ; aussi notre brave journaliste en voulait-il à Macron d’avoir levé le rideau sur la grande arnaque : c’était ouvrir la porte aux oppositions véritables !

Depuis 2017, en vérité, son moral était en berne. Lui qui pensait d’ordinaire par manichéisme — les résistants et les collabos, la gauche humaniste et la droite autoritaire, la République et le fascisme —, ne savait plus comment résoudre ce paradoxe, que la démocratie qu’il adulait (c’est-à-dire le vote majoritaire) menait le Rassemblement national « aux portes du pouvoir ». Démocrate, il commençait à douter de la démocratie ; et en même temps qu’il appelait furieusement à l’interdiction de ce parti qu’il jugeait contraire aux « valeurs républicaines » (sans trop savoir pourquoi, ni à quoi correspondaient ces valeurs), il se demandait si le peuple était si sage… Fallait-il vraiment accorder le droit de vote à la France périphérique ? Au fond, il n’était pas contre un permis de voter distribué aux habitants des centres villes, — propriétaires d’une trottinette électrique.

Il aimait rappeler à ses invités les propos polémiques de Jean-Marie Le Pen, et le petit frisson qu’il sentait courir dans son dos, à chaque fois qu’il les réécoutait ; mais il le faisait avec moins de conviction qu’avant, reconnaissant bien que l’argument fonctionnait mal… même ses auditeurs de gauche n’y croyaient plus !

Parfois le soir, seul dans son lit, les heures de grande angoisse, il pensait que la dédiabolisation du Rassemblement national n’était peut-être pas un mythe, et même que ce parti disait des choses vraies… Il frémissait ! Le lendemain, comme pour se racheter, il relayait frénétiquement les poncifs les plus éculés, rappelant l’origine de ses fondateurs, l’accusant pêle-mêle de racisme et de transphobie, d’antisémitisme et d’alliance avec la Russie : no pasarán ! Évidemment, il ne connaissait ni Holeindre, ni Déat, ni Doriot ; ou du moins, il ne voulait pas trop les connaître : la neutralité du service public a ses limites.

Ces derniers temps, il est triste. La dissolution l’inquiète, il ne comprend pas son président, il a peur pour sa place. Il contemple avec horreur le RN parvenir en voie finale de normalisation, il se sent dépassé par la jeunesse qui se polarise. Où sont passés les humanistes et les démocrates ? Même la gauche parfois le terrifie — et lui qui croyait que l’antisémitisme était d’extrême-droite !… Il sent bien que sa voix tremblotte à la radio ; il perd ses auditeurs : même ceux de gauche, qui l’accusent de complaisance avec le camp du « libéralisme autoritaire ». À force d’opposer les mêmes reproches à ses invités, sur la binationalité, sur le voile, d’entendre les mêmes réponses, il se fatigue lui-même ; ses prêches, qu’il répète comme un mantra, ne convainquent plus personne… et il se désespère, jour après jour, de ne pas voir advenir le front républicain habituel, celui qu’il avait toujours connu… Serait-ce le retour prochain des heures les plus sombres de notre histoire ? Ah ! Comme il regrette le temps de François Hollande !

Par Paul Rafin le 4 juillet 2024

Causeur